Féminicide de Mérignac : "il avait décidé de la punir, il voulait la brûler un peu, pour lui laisser des marques"

Le procureur de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie, est revenue sur le contexte du meurtre de Chahinez D., tuée en pleine rue par son mari à Mérignac mardi 4 mai. Ce dernier a affirmé en garde à vue vouloir "punir" sa compagne, qu'il soupçonnait d'avoir un amant.

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"Il était, selon ses dires, convaincu, que son épouse avait un amant et qu'elle le manipulait. Il aurait donc décidé de la punir, sans souhaiter la tuer". Ce jeudi 6 mai, la procureur de la République Frédérique Porterie a révélé les propos tenus par Mounir B. au cours de sa garde à vue. "Il voulait brûler un peu sa femme,  pour lui laisser des marques", a-t-elle précisé.

Un voisin tente de s'interposer

Ce mardi, cet homme de 45 ans a tiré à deux reprises sur sa femme, dont il était séparé, avant de l'asperger d'essence et de l'immoler. L'autopsie de Chahinez D., 31 ans, confirme que la victime, touchée par balles aux jambes afin de l'empêcher de s'enfuir, était encore vivante quand son mari a transformé son corps en brasier. Plusieurs témoins ont assisté à cet acte d'une extrême violence. Parmi eux, un voisin, qui a été interrogé par les enquêteurs.  

"Ce voisin a expliqué avoir entendu les cris d'une dispute entre homme et une femme suivis de deux détonations, poursuit le procureur. Il a vu alors une femme allongée sur le trottoir, un homme se trouvait au-dessus du corps avec un bidon à la main". Lorsque le témoin s'est précipité vers la scène pour tenter de s'interposer, il est braqué au pistolet par Mounir B., qui vient de mettre le feu au corps. 

La victime hurlait sur le trottoir. Calmement, tout en braquant le témoin, l'homme prenait son fusil et le pliait. Il sortait deux cartouches, en remettait une ou deux dans le fusil, et l'auteur partait à petites foulées, en direction du domicile de la victime.

Frédérique Porterie, procureur de la République

Un acte très bien préparé

Mounir B. avait prévu son coup : il s'était, selon ses dires, procuré des armes auprès de "clandestins". Puis, il a planqué toute la journée pour surveiller les allers et venues de sa femme. Après l'avoir abattue puis immolée, il est entré à son domicile et a demandé au fils de la victime de sortir. L'enfant, âgé de 13 ans, a été pris en charge par une amie de sa mère, et a expliqué n'avoir "rien vu ni entendu". Il a été pris en charge avec ses frère et sœur par le Samu dès mardi soir, puis confiés à l'Aide sociale à l'enfance.

Un casier judiciaire bien rempli

L'homme, âgé de 45 ans, n'était pas sous l'emprise d'alcool ou de stupéfiants au moment des faits.  Son parcours judiciaire est éloquent. Dès 2004, alors qu’il a 28 ans et réside en France depuis 1999, il est une première fois condamné pour conduite en état d’ivresse. Durant cette année-là, il comparaît trois fois devant les juges, dont une audience pour violence avec usage d’une arme. A chaque fois, il est condamné avec sursis.
Six ans plus tard, nouvelle condamnation, cette fois pour vol. Puis en 2014 pour conduite sous l’emprise de l’alcool. Un an plus tard, sixième condamnation pour violence avec usage d’une arme. Sursis à nouveau.

Jusqu’à ce 25 juin 2020, où il est condamné pour violence conjugale envers Chahinez, son épouse depuis cinq ans. Il écope d’une peine de dix-huit mois dont neuf avec sursis. Il est placé sous mandat de dépôt à l’audience. Le Procureur Frédérique Porterie énumère : " l’obligation d’exercer une activité, obligation de soins, l’interdiction de paraître au domicile conjugal l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, l’interdiction de fréquenter les débit de boissons." Autant d'interdits non respectés.

Quel suivi depuis sa sortie de prison ?

Le 9 décembre 2020, Mounir B. sort de prison, déclare une adresse chez sa sœur à Pessac. "Il était depuis suivi par le service pénitentiaire d'insertion et de probation dans le cadre de la peine de ce sursis probatoire. Il sera convoqué à quatre reprises par un conseiller d'insertion et de probation, s'est présenté aux convocations, et a justifié du respect des obligations de travail et de soin", ajoute le procureur.

Une dernière plainte déposée en mars 2021

Mounir B. a pourtant également reconnu s'être approché et être entré en contact avec la victime. Dans la matinée du 15 mars 2021, il croise Chahinez D., et l'agresse. Celle-ci porte plainte dans la foulée. "Une enquête en flagrance a été ouverte, précise Frédérique Porterie. Mais malgré les recherches des services de police pour localiser l'intéressé, celui-ci restait introuvable.

Cette enquête menée d'initiative par les services de police était, de fait, toujours en cours au moment de ce drame."Chahinez D. ne disposait pas de téléphone grave danger ni de protection particulière. 

 

Voir l'intégralité de la déclaration du procureur de la République Frédérique Porterie

 

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